dimanche 6 juin 2010

Quand un jour le téléphone sonne...

Une seconde de trop...

La pratique de la moto apporte des sensations impossibles à décrire par ceux qui n'ont jamais humé le vent sur un deux roues vrombissant.

Même si je n'ai jamais "goûté" à de très gros calibres, je suis néanmoins de ceux qui ont savouré l'excitation d'une envolée - prudence incluse - ressentie sur un cheval d'acier que l'on imagine indestructible lorsque l'humain semble réellement faire corps avec l'engin, et que le vent s'entre-déchire au fil du passage de cette association de circonstance de deux masses unies ayant trouvé l'harmonie parfaite.

Au fil du temps et des rencontres, vous vous apercevez cependant des réels dangers que peut représenter la pratique de cet hobby; un danger émanant d'ailleurs le plus souvent des autres. Parfois les conséquences sont d'une violence indescriptible. Délabrements physiques à vie. Vies et familles détruites. Futurs anéantis. Vies qui s'envolent le temps d'une seconde, la seconde de trop soudainement jaillie d'une horloge en laquelle on avait pourtant une entière confiance.

"...Les détails font la perfection" disait Léonard de Vinci. Il arrive aux horloges de l'existence de se jouer de la perfection, d'oublier les détails, et de se dérégler malgré tout.

Un jour, votre enfant devenue "grande" vous annonce qu'elle même ou que son petit ami viennent de passer le permis de moto avec succès et que l'achat de l'engin à plaisir est imminent.

Venant du néant, une phrase retentit alors curieusement dans votre tête : Bonjour. Etes-vous bien le père de ... ? Je suis désolé de vous annoncer que...

Par une sorte d'intuition incontrôlée fomentée par les récits entendus au fil du temps autant que par la logique qui vous anime, cette phrase ne cesse de vous tourmenter pendant que votre "enfant" jubile visiblement à la joie de vous annoncer que la moto et elle feront bientôt corps. Que faire ? Laisser entrevoir une fausse joie, ou "casser l'entrain" en lui rappelant les dangers réels que peut représenter la pratique d'un tel hobby ?

Les jours passent, mais la sonorité de la phrase fatidique ne s'estompe pas. Elle ne fait que se tarir dans un recoin de votre cerveau. Une épée de Damoclès désireuse de se faire oublier jusqu'au jour où...

le téléphone sonne. La fameuse phrase sort alors de sa cachette et se fait entendre à l'autre bout du fil.

Malgré l'extrême violence d'un choc provoqué par un chauffard, de ses conséquences, et du degré des atroces souffrances physiques qui s'ensuivirent et que je n'ose imaginer mais que j'aimerais pouvoir partager, le drame devient relatif ne serai-ce que parce que la vie continue...


C'était hier.


A Caroline et Aurélien...

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